GUISCO Spartaco dit Spartaco

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Spartaco Guisco est né le 20 octobre 1911 près de Milan (Italie). Ses parents, Joseph Guisco et A. Manzotti, étaient des ouvriers, affiliés à aucun parti mais antifascistes ayant fui l’Italie fasciste (d'abord son père en 1923 puis sa mère et les enfants en 1926). L’adresse familiale était 16, avenue des Champs à Villeparisis (Seine-et-Marne). Toute la famille fut naturalisée française en 1932.

Il a suivi les cours de l’école primaire et indique, dans sa biographie du 7 juillet 1938, maîtriser, à l’écrit comme à l’oral, les langues française, italienne et espagnole.

Il a été mobilisé en 1933 et a effectué un an de service militaire dans le 170e Régiment d’Infanterie.

Il était ouvrier peintre, syndiqué à la CGT (depuis 1935). Il travaillait pour la Maison Leclaire dans le 9e arrondissement de Paris (45, rue Bleue) pour un salaire de 1 200 francs par mois ; lui-même dira qu’il « gagnait bien sa vie ».

Il adhéra en février 1936 aux JC, fut secrétaire de groupe des JC pendant trois mois et membre du Comité du 14e Rayon des JC. Il vendait le périodique L’Avant-Garde et participa aux grèves de juin 1936. Il adhéra au PCF la même année ; il donne comme « sources » de son adhésion au PCF son départ de l’Italie fasciste en 1926 et la lecture du journal L’Humanité.

Il était célibataire lors de son départ pour l'Espagne.

=L’Espagne =

Spartaco Guisco arrive en Espagne le 1er octobre 1936, par le train. Il y vient pour « combattre le fascisme ». Dans le journal de la 14e BI, à l'occasion du premier anniversaire de l'arrivée des brigadistes, il précise qu’il avait alors compris que <blocquote> « la lutte en Espagne était la lutte des antifascistes du monde entier » et il ajoutait : « je ne pouvais oublier les quatre années que j’ai passées sous la férule mussolinienne, pour hésiter à mettre mes forces au service de l’Espagne républicaine. Je suis donc parti ; je garderai toujours le souvenir de l’accueil que nous firent les populations catalanes, la confiance que nous témoigna le peuple espagnol compensait largement les quelques sacrifices que nous faisons en venant ici. » (Le Soldat de la République)

Il participe aux premiers combats de la 11e BI (voir Défense de Madrid). Est-ce lui que Pierre Rebière, dans son récit sur ce Bataillon décrit ainsi : « Spartaco, un jeune espagnol, armé d’une bombe à main rampe en direction d’un tank pour le faire sauter, mais le tank s’en va. » ? (op. cité p. 62)

Il combat ensuite sur Le front du Jarama, puis lors du transfert du Bataillon à la 14e BI, aux batailles de Balsain (voir Offensive républicaine sur Ségovie, Cuesta de la Reina, Caspe (voir Offensive franquiste d’Aragon) et sur l’Ebre (voir Passage de l'Ebre et bataille de l’Ebre).

Il est successivement chef de section, chef de compagnie, chef du service information puis chef du service « opérations » de la 14e BI. Caporal en décembre 1936, brigadier en avril 1937, lieutenant (officier de l’Etat-Major) en septembre 1937.

Il est blessé au combat quatre fois : 4 janvier 1937 (balle logée dans le dos, soigné 15 jours à l’hôpital de la Croix-Rouge de Madrid), 12 février 1937 (balle dans le poumon droit, soigné 3 mois à l’hôpital San Carlos de la 35e Division), 30 mai 1937 (balle dans le ventre, soigné 5 semaines à l’hôpital de Barcelone) et 13 mars 1938 (blessé au nez, soigné deux jours). Dans une interview publiée dans le journal Ce Soir daté du 11 novembre 1938, la journaliste Andrée Viollis relate, à propos de la dernière blessure au nez, ces propos de Spartaco :

« Tu parles d’une cicatrice ! Pas de danger que j’oublie l’Espagne chaque fois que je me regarderai dans une glace. »

Il est proposé le 1er mai 1938, par Marcel SAGNIER et Hemmer, pour la médaille du courage, pour son comportement au front et son courage à Caspe.

Il bénéficie d’une permission de 15 jours à Denia et d’une autre qu’il passe en France, de novembre 1937 jusqu’au 7 janvier 1938, date à laquelle il arrive à Figueras, via Espolla, après avoir franchi illégalement la frontière, avec un groupe de 56 autres volontaires.

Un rapport de Pozzi, en date du 20 juillet 1938, le décrit comme faisant preuve d’un « très bon développement culturel – politique et moral – et militaire ». A la même date Henri ROL-TANGUY souligne sa faiblesse politique, son courage et sa bonne volonté « à pousser ». Il écrit, toujours le 20 juillet 1938, que c’est un « bon » lieutenant qui « s’occupe activement de son travail » ; il ajoute dans son rapport que Spartaco montre une « bonne conduite morale », que c’est un « bon antifasciste, dévoué et discipliné » et il souligne aussi que Spartaco « progresse militairement et politiquement, mais lentement, qu’il est « sujet à des défaillances morales, manque un peu de confiance en lui-même et a besoin d’être soutenu ».

Un rapport, en date du 16 août 1938, le décrit comme « chef d’opération de la 14e BI » en ces termes : « travaille avec cœur, très dévoué, très courageux, discipliné. D’un tempérament nerveux et impulsif. (…) Antifasciste pur et très sincère, ayant une grande haine du fascisme mais ne possède pas de grandes qualités de compréhension politique, ce qui oblige à la contrôler, à l’éduquer, à l’aider à mieux comprendre (…). »

Un dernier rapport, établi par Lucien BIGOURET le 21 octobre 1938, indique que le lieutenant Guisco « s’est toujours comporté très courageusement au front, a été blessé plusieurs fois, a acquis en Espagne des connaissances militaires, a toujours eu une attitude de bon antifasciste et a toujours appliqué les décisions prises par le PC », tout en étant « assez faible politiquement ». Lucien BIGOURET note que « l’ensemble des camarades ont une bonne opinion de lui » et le désigne comme un « élément à aider et à conseiller » et comme un « bon militant du Parti ».

Une note succincte indique qu’il se « laisse entrainer à boire quelquefois ». Ses camarades le décrivent comme un « garçon chaleureux », « toujours souriant et fraternel ». Proposé après une blessure – celle qui affecte son poumon droit – pour un poste à l’arrière, il répond :

« Je suis venu ici pour me battre contre le fascisme, pas pour jouer les utilités. »

Dans le formulaire de rapatriement, il indique avoir lu et étudié les 13 points du gouvernement d’union populaire du président Negrin ; il considère qu’ils reflètent la volonté de « toute la nation espagnole ». Il a adhéré au PCE et au SRI (voir Solidarité). . Il souhaite, au moment du rapatriement des Volontaires, retourner en France, à Villeparisis, où est restée sa famille.

= La Guerre et la Résistance =

À son retour en France, Spartaco Guisco adhère à l’Amicale des Volontaires en Espagne Républicaine AVER.

Il milite dans les rangs du PCF et devient en juin 1939 secrétaire d’une cellule du 14e arrondissement [de Paris].

Il est mobilisé en septembre, participe aux combats du printemps 1940, est deux fois cité à l’ordre de son régiment ; il reçoit la Croix de guerre.

Sous les pseudonymes de « Remy » et « André », Spartaco Guisco compte parmi les premiers militants à participer à la résistance armée au sein de l’Organisation spéciale (OS) où il retrouve Jules Dumont qui l’envoie, avec Gilbert Brustlein et Marcel Bourdarias, à Nantes à la mi-octobre 1941 pour un attentat contre l’armée d’occupation (exécution du lieutenant-colonel Hotz).

Il est arrêté le 9 février 1942 rue de la Gaîté en compagnie de Louis Marchandise. Il est fusillé au Mont-Valérien le 17 avril suivant.

Après une longue polémique, qui le voit accusé d’avoir donné des résistants lors de son arrestation, son nom figure sur la plaque dévoilée le 5 mai 2001 à la Maison de la Chimie à la mémoire des 23 résistants communistes qui y furent condamnés à mort en avril 1942.

Sources

RGASPI (Moscou, F.545. Op.6. D.36 et D.1221) – Le Soldat de la République (n° 51 du 14 octobre 1937) – Philippe Edouard dit Pierre REBIERE, Sur le Bataillon Commune de Paris, - Maitron, Les fusillés, Ed. de l’Atelier, 2015