LEGRAS Marcel Ernest : Différence entre versions

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Marcel Legras est né le 4 juin 1903 à Rouy-le Petit (Somme).
 
Marcel Legras est né le 4 juin 1903 à Rouy-le Petit (Somme).
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Selon le témoignage de sa petite-fille Marie-Claire  Jame-Debouverie :
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<blockquote>« Il est venu habiter Amiens avec sa mère et sa sœur jumelle. Il a fait son service militaire en 1924 et a été nommé au grade de caporal. Marié le 7 avril 1926 à Amiens (Somme) avec Marie-Claire Ghislaine Larcin de nationalité belge, il a eu 3 enfants dont un décédé en bas âge. Il a travaillé d’abord comme monteur en chauffage centrale chez Ledru, puis à l’économat des Chemins de fer à Amiens jusqu’à son départ pour Paris en septembre 1936. Au décès de sa femme en 1930, Marcel étant incapable d’assurer le quotidien, son fils âgé d’un mois a été emmené par la mère de sa femme en Belgique où il est resté jusque dans les années 60, et sa fille âgée de 2 ans a été prise en charge par son frère aîné et sa belle-sœur à Amiens.
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Bien avant son mariage, Marcel passait déjà beaucoup de soirées à discuter avec ses amis de politique et s’il n’était pas inscrit au parti communiste, il en était très proche. Après le décès de sa femme, célibataire sans enfant à charge, il a consacré beaucoup de ses soirées à militer contre le fascisme. Son départ pour l’Espagne n’a pas été le résultat d’un coup de tête, mais d’une longue réflexion.
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En septembre 1936, il a rejoint Paris et a été logé chez sa sœur jumelle à Bagnolet en attendant de partir pour l’Espagne.
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Pour le caractère de mon grand-père, voilà ce que je peux en dire :
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Enfant, il montre comme son frère une intelligence vive, mais il manque de sérieux et préfère s’amuser qu’étudier. Adulte, cette intelligence est remarquée, mais il ne s’en sert que pour ce qui le passionne. Il est plutôt bel homme et fait facilement des conquêtes. C’est, en tout cas, la réputation qu’il a. Il est grand et mince, un grand front, les cheveux châtain foncé et les yeux de couleur noisette. Il sait charmer son auditoire. Très indépendant, il n’apprécie pas que l’on se mêle de ses affaires, même si c’est avec de bonnes intentions, et il ne se prive pas pour le dire. Il a de nombreux amis et noue facilement des liens durables.»</blockquote>
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==L’Espagne==
 
==L’Espagne==
 
Marcel Legras arrive en Espagne en novembre 1936.
 
Marcel Legras arrive en Espagne en novembre 1936.
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A la suite d’une blessure à la main lors d’un combat, il est affecté à la garde de l’usine n° 2 d’Albacete. Selon un de ses camarades de Bagnolet, [[VIDY_ Désiré|Désiré VIDY]], Marcel repart au combat dans une compagnie de renfort.
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Il figure sur la cartothèque du 13 mai 1938 sous le n°3731 avec mention de son âge (35 ans), son grade (soldat) et l'indication [[BAO]].
 
Il figure sur la cartothèque du 13 mai 1938 sous le n°3731 avec mention de son âge (35 ans), son grade (soldat) et l'indication [[BAO]].
  
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Marcel Legras figure sur la liste  « In Memoriam », « Honneur à la Mémoire de nos Héros », éditée par l’AVER (''Epopée d’Espagne'', page 192).
 
Marcel Legras figure sur la liste  « In Memoriam », « Honneur à la Mémoire de nos Héros », éditée par l’AVER (''Epopée d’Espagne'', page 192).
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==Mémoire familiale==
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<blockquote>« Pour la famille, la façon de vivre de Marcel était mal perçue. Son frère aîné, Maurice, était très déçu par le comportement de Marcel qui n’assurait pas ses responsabilités vis-à-vis de sa femme, puis ensuite de ses deux enfants. Leur relation était très tendue. Néanmoins, Maurice ne le condamnait pas pour ses idées, puisque, lui-même a prouvé par des actes clandestins son attachement aux mêmes valeurs lors de la Seconde Guerre Mondiale.
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Longtemps après le décès de Marcel, dans les années 1950/60, tous les membres de la famille évitaient soigneusement de parler de lui : c’était un sujet trop douloureux.
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Quand j’étais enfant, ce que disait de lui notre famille étant toujours très négatif, il m’a fallu beaucoup d’années pour mettre en évidence les éléments positifs qui le caractérisaient.
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Le travail de mémoire que je suis en train de finaliser m’a beaucoup apaisé et a permis à ma mère de renouer d’une autre manière avec ce père qu’elle a si peu connu.
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Ce n’est qu’à l’aube du XXIe siècle, que Marcel est apparu aux yeux de ses petits-enfants comme un héros… ils sont conscients que l’on ne peut pas demander à un héros de s’occuper du quotidien ! Mourir pour la liberté n’est pas rien, aussi sont-ils fiers aujourd’hui de lui rendre hommage. »</blockquote>
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(Témoignage de Marie-Claire Jame-Debouverie)
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==Sources==
 
==Sources==
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Témoignage de sa petite-fille Marie-Claire Jame-Debouverie)
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RGASPI (Moscou, F.545 Op.6 D.1039)
 
RGASPI (Moscou, F.545 Op.6 D.1039)
  
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AVER, ''Epopée d’Espagne'', Paris, 1956  
 
AVER, ''Epopée d’Espagne'', Paris, 1956  
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Version du 20 septembre 2018 à 17:01

Marcel Legras est né le 4 juin 1903 à Rouy-le Petit (Somme).

Selon le témoignage de sa petite-fille Marie-Claire Jame-Debouverie :

« Il est venu habiter Amiens avec sa mère et sa sœur jumelle. Il a fait son service militaire en 1924 et a été nommé au grade de caporal. Marié le 7 avril 1926 à Amiens (Somme) avec Marie-Claire Ghislaine Larcin de nationalité belge, il a eu 3 enfants dont un décédé en bas âge. Il a travaillé d’abord comme monteur en chauffage centrale chez Ledru, puis à l’économat des Chemins de fer à Amiens jusqu’à son départ pour Paris en septembre 1936. Au décès de sa femme en 1930, Marcel étant incapable d’assurer le quotidien, son fils âgé d’un mois a été emmené par la mère de sa femme en Belgique où il est resté jusque dans les années 60, et sa fille âgée de 2 ans a été prise en charge par son frère aîné et sa belle-sœur à Amiens.

Bien avant son mariage, Marcel passait déjà beaucoup de soirées à discuter avec ses amis de politique et s’il n’était pas inscrit au parti communiste, il en était très proche. Après le décès de sa femme, célibataire sans enfant à charge, il a consacré beaucoup de ses soirées à militer contre le fascisme. Son départ pour l’Espagne n’a pas été le résultat d’un coup de tête, mais d’une longue réflexion.

En septembre 1936, il a rejoint Paris et a été logé chez sa sœur jumelle à Bagnolet en attendant de partir pour l’Espagne.

Pour le caractère de mon grand-père, voilà ce que je peux en dire :

Enfant, il montre comme son frère une intelligence vive, mais il manque de sérieux et préfère s’amuser qu’étudier. Adulte, cette intelligence est remarquée, mais il ne s’en sert que pour ce qui le passionne. Il est plutôt bel homme et fait facilement des conquêtes. C’est, en tout cas, la réputation qu’il a. Il est grand et mince, un grand front, les cheveux châtain foncé et les yeux de couleur noisette. Il sait charmer son auditoire. Très indépendant, il n’apprécie pas que l’on se mêle de ses affaires, même si c’est avec de bonnes intentions, et il ne se prive pas pour le dire. Il a de nombreux amis et noue facilement des liens durables.»

L’Espagne

Marcel Legras arrive en Espagne en novembre 1936.

A la suite d’une blessure à la main lors d’un combat, il est affecté à la garde de l’usine n° 2 d’Albacete. Selon un de ses camarades de Bagnolet, Désiré VIDY, Marcel repart au combat dans une compagnie de renfort.

Il figure sur la cartothèque du 13 mai 1938 sous le n°3731 avec mention de son âge (35 ans), son grade (soldat) et l'indication BAO.

Il est porté « « disparu entre le 15 et 18 mai 1938 au cours d’un combat sur l’Ebre ».

Sa sœur, Me Bellard, qui demeurait à Bagnolet, entreprit des démarches pour enregistrer sa mort (ARE n° 103).

Marcel Legras figure sur la liste « In Memoriam », « Honneur à la Mémoire de nos Héros », éditée par l’AVER (Epopée d’Espagne, page 192).

Mémoire familiale

« Pour la famille, la façon de vivre de Marcel était mal perçue. Son frère aîné, Maurice, était très déçu par le comportement de Marcel qui n’assurait pas ses responsabilités vis-à-vis de sa femme, puis ensuite de ses deux enfants. Leur relation était très tendue. Néanmoins, Maurice ne le condamnait pas pour ses idées, puisque, lui-même a prouvé par des actes clandestins son attachement aux mêmes valeurs lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Longtemps après le décès de Marcel, dans les années 1950/60, tous les membres de la famille évitaient soigneusement de parler de lui : c’était un sujet trop douloureux.

Quand j’étais enfant, ce que disait de lui notre famille étant toujours très négatif, il m’a fallu beaucoup d’années pour mettre en évidence les éléments positifs qui le caractérisaient.

Le travail de mémoire que je suis en train de finaliser m’a beaucoup apaisé et a permis à ma mère de renouer d’une autre manière avec ce père qu’elle a si peu connu.

Ce n’est qu’à l’aube du XXIe siècle, que Marcel est apparu aux yeux de ses petits-enfants comme un héros… ils sont conscients que l’on ne peut pas demander à un héros de s’occuper du quotidien ! Mourir pour la liberté n’est pas rien, aussi sont-ils fiers aujourd’hui de lui rendre hommage. »

(Témoignage de Marie-Claire Jame-Debouverie)

Sources

Témoignage de sa petite-fille Marie-Claire Jame-Debouverie)

RGASPI (Moscou, F.545 Op.6 D.1039)

MRN (archives de l’AVER, carton 8)

AVER, Epopée d’Espagne, Paris, 1956