SAVENAUD Edmond

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Edmond Savenaud naît le 16 mai 1905 à Chamberaud (Creuse), son père Victor était maçon et socialiste, sa mère Jeanne Reminiac ménagère. Il est scolarisé à l’école primaire de Colombes (Seine) puis dans une école confessionnelle, le pensionnat Malège toujours à Colombes. Suite au décès de son père, il doit cesser sa scolarité en 1918 et commence à travailler comme employé de banque, il a alors 13 ans.

Par la suite, il sera employé dans l’industrie métallurgique dans différentes entreprises, papeterie de Nanterre, Citroën à Clichy, Renault à Billancourt, Gnome et Rhône à Gennevilliers. Puis il change totalement de secteur professionnel et devient maçon-plâtrier. En 1924, il milite durant peu de temps aux jeunesses socialistes. Edmond sera exempté de service militaire.

Le 1er août 1929, lors d’une grève, il est arrêté par la police de Courbevoie et détenu durant 48 heures au commissariat. Son intérêt pour la politique lui vient des mouvements revendicatifs, de ses fréquentations et de ses lectures. En 1932, il adhère à la CGTU section ciment-pierre et fut secrétaire de la section d’Argenteuil en 1934, il travaille quelques temps à son compte dans le bâtiment. En 1935, il retourne chez Gnome et Rhône pour un salaire de 800 frs mensuels. Cette entreprise employait environ 8oo personnes, il adhère à la CGT section métallurgie. En janvier 1935, il adhère au PCF, cellule des Champioux à Argenteuil, et devient secrétaire du sous rayon de juillet à décembre 1935. En septembre de cette année, il est renvoyé de l’usine, commence pour lui une période de chômage, où il fit le camelot pour vivre. 1936, il trouve un emploi dans une usine de cartons et est délégué syndical. Durant cette année il adhère au SRI, ainsi que aux Amis de l'Union Soviétique . Cette même année il devient secrétaire de la section d’Argenteuil, et membre du comité régional de Paris Ouest, ceci jusqu’à son départ comme volontaire en Espagne républicaine.

En 1937 il devient permanent du PCF avec un salaire de 1500 frs mensuels, il est délégué à la conférence nationale de Montreuil et au congrès du PCF à Arles en décembre.Il était également membre du mouvement Paix et Liberté. Dans le cadre de sa formation militante,il suivit deux écoles du PCF, l’une de section, l’autre régionale durant 15 jours. Pour parfaire son éducation politique,il étudie le Léninisme théorique et pratique,Le Capital de Marx, les mouvements ouvriers Français, cette dernière question l'intéresse tout particulièrement. Il écrit régulièrement des articles sur la politique locale dans le périodique régional du parti Le Prolétaire d’Argenteuil rebaptisé Le Progrès d’Argenteuil. Avant son départ en Espagne, il était marié, n’avait pas d’enfant et était domicilié 53 rue de la procession à Argenteuil (Seine et Oise).

L’Espagne

Recruté rue Mathurin Moreau à Paris où se situent les locaux de la CGT, Edmond Savenaud arrive en Espagne illégalement via Massanet le 23 janvier 1938 avec un contingent de 63 volontaires en passant les Pyrénées à pieds (voir article Passage clandestin des Pyrénées).

Il est dirigé sur Villanueva de la Jara.Le 14 février, il est affecté à la 4e Compagnie du 12e Bataillon de la 14e BI (Ordre du jour n°298 du 14 février 1938) puis du 3 avril au 20 juillet au Bataillon Henri Barbusse. Il est nommé commissaire politique de Compagnie le 6 avril et commissaire politique adjoint de Bataillon le 17 juin pour seconder René Hamon René HAMON (voir la biographie de ce volontaire). Il sera nommé ensuite au Bataillon Commune de Paris du 21 juillet au 25 août puis au Bataillon André Marty (Ordre du jour, n°502 du 29 août 1938). Durant son engagement il participe aux combats des fronts du centre, Aragon (voir Offensive franquiste d’Aragon et Ebre (voir Bataille de l’Ebre). Il sera blessé par deux fois aux bras et aux jambes, la première le 25 juillet (voir Passage de l'Ebre) et la seconde le 21 septembre dans la sierra Caballs. Ces blessures le tiendront hospitalisé à Mataro, Moya et Farnes de la Selva où il sera délégué d'étage. Sur son lit d’hôpital, il écrit un article pour Le Progrès ‘ Lettre d’Espagne’ .

Dans sa biographie militante établie à Tortosa le 29 juin 1938, interrogé sur les Brigades Internationales et leur rôle, il répond:

«Je pense qu'elles ont été une cinglante réplique au fascisme et qu'elles ont demandé de grande possibilité pour l'avenir. D'accord avec l'organisation tant politique que militaire dans les conditions données. Je pense qu'elles ont été le noyau autour duquel a pu se cristalliser l'armée qui existe aujourd'hui et un exemple d'organisation et d'unité».

Dans un document, à entête du PCE, daté du 26 octobre 1938 le responsable du Parti Lucien BIGOURET (voir la biographie de ce volontaire) porte sur Edmond Savenaud des appréciations très élogieuses:

«très courageux au front et très actif à l'arrière, a eu une conduite magnifique à l'Ebro et à la Sierra Caballs où il a été blessé dans les 2 fronts.»

«très bonne éducation politique, militant actif, très pénétré du rôle du PCE dans la guerre»

«conduite personnelle excellente digne d'exemple, s'est montré discipliné, courageux sérieux et très estimé de ses camarades».

Jean Levasseur ex responsable du Bataillon Henri Barbusse le qualifie comme suit:

«toujours fait son travail avec zèle, bon organisateur, bonne liaison avec ses hommes qu'il ne quittait jamais, très fort politiquement. Camarade de pleine confiance, s'est conduit d'une manière parfaite».

Le Progrès d’Argenteuil dans un article publie le 5 octobre «les noms des volontaires de la liberté [qui] vont rentrer d’Espagne» Parmi ceux ci figurent les noms de Georges Habert, Jean Marle, Léon Desport et Edmond Savenaud. Il est rapatrié le 18 décembre 1938 et demande son retour à Argenteuil. Peu après il fut membre du bureau de l’AVER.

La Résistance

Sous l'Occupation, Edmond Savenaud participe à la Résistance. Il fut un des premiers à réorganiser le Parti communiste dans la région parisienne pendant l'hiver 1939.

En janvier 1940 Edmond Savenaud figurait sur une liste dressée par la police comme un des dirigeants communistes de la région Paris Ouest. Ce même mois, il contacte un ancien d’Espagne Jean Hemmen pour l’intégrer à l’action clandestine.En janvier 1941 il organise un groupe de diffusion de matériel de propagande à Nanterre et à Boulogne Billancourt. Le 27 janvier 1941 le tribunal militaire de Périgueux (Dordogne) le condamne par défaut à 5 ans de prison et à cinq milles Francs d’amende pour infraction au décret de loi du 26 septembre 1939. Il est arrêté par les Brigades Spéciales le 12 février 1941 et condamné le 21 février 1941 à 18 mois de prison et à 5 ans d’interdiction de droits civiques. Incarcéré à la prison de la Santé, puis à Poissy il est remis aux Allemands et interné à Royallieu Compiègne, stalag 122.

Edmond fait partie d’un groupe de 19 internés qui s’évadent dans la nuit du 21 au 22 juin 1942 par un tunnel de 45 mètres qu’ils avaient creusés.

Après cette évasion,il rejoint les Ardennes. Sous le pseudo de Lucien Bréand, il aide les communistes locaux à Méziéres à se structurer. Le 7 décembre 1942, suite au démantèlement du réseau, Edmond est envoyé à Dijon (Côte-d’Or) pour intégrer l’inter région qui comprenait la Marne, l’Aube, l’Yonne ,la Cote-d’Or et le nord de la Saône-et-Loire. Arrêté,probablement sur dénonciation en mars 1943, il est torturé par la Gestapo de Dijon. Incarcéré au fort de Romainville, il est déporté le 14 juillet 1943 à Natzweiler-Struthof en Alsace, matricule 4592. En septembre il est déporté à Dachau, puis au commando d’Allach. Il est libéré le 30 avril 1945.

Edmond Savenaud était homologué sous-lieutenant RIF DIR avec le matricule GR16P 538004

L’après guerre

Très affaibli par les épreuves de la déportation,il reprit cependant ses activités militantes. Elu conseiller municipal, secrétaire de section du PCF d’Argenteuil, membre du secrétariat fédéral de Seine-et-Oise, le PCF le présenta aux élections cantonales de 1945. Il écrivit des articles dans La Renaissance de Seine-et-Oise sur la guerre d’Espagne et la résistance à l’occupant. Il vécut avec Renée Sterkx, elle même militante du PCF, arrêtée en mars 1941 condamnée à 10 ans de travaux forcées, déportée à Ravensbrück en mai 1944, elle s’évade le 20 mai 1945 lors de l’évacuation du camp. Elle était secrétaire de la section communiste de Sannois (Seine-et-Oise) En 1946 ils ont une fille prénommée Annette. La direction du PCF lui demandant de «retourner à la base», il intègre la centrale EDF de Gennevilliers et mène des actions syndicales au sein de la section CGT de la centrale.

Par la suite, il s’investira principalement dans l’activité de la Fédération Nationale des Déportés, Internés et Patriotes ( FNDIRP).

Lors de sa retraite, il s’installe à Saint-Cézaire-sur-Siagne ( Alpes Maritimes).Bien que malade, il participe en juin 1974 au 18e congrès de la FNDIRP à Limoges (Haute-Vienne). Quelques heures après la clôture du congrès, pris de malaise, il est transporté à l’hôpital de Limoges où il décède le 10 juin 1974. Sa veuve adhérera à l’AVER section du Sud-Est.

Sources

RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 3. D. 369 et 370)-RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 6. D. 36. D. 1044 et 1397) - Le volontaire de la liberté, du 1er juin 1938 page 2 - Le volontaire de la liberté, du 31 luillet 1938 page 6 - El volontario de la libertad du 3 septembre 1938 page 10 - https://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond - Savenaud-Service Historique du Ministère de la Défense - https//maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article136811.