KIRSZENBAUM Szabsa-Sewek

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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1904-1942

Szabsa-Sewek Kirszenbaum est né à Blonie (Varsovie) le 4 décembre 1904. Ses parents Fiszel et Estera étaient commerçants. De famille juive, dans sa biographie, il précise que sa nationalité est « polonaise (juive) » et qu’il parle yiddish, polonais et allemand.

Après avoir suivi les cours d’une école professionnelle, il travaille comme électricien dans une usine d’électricité à Blonie-Pruslkow. En 1926, il se syndique. En mars 1929, après une manifestation, il se retrouve sans travail et devient le secrétaire général du syndicat de Blonie.

Il milite dans des organisations sionistes. Après avoir été expulsé du Parti Sioniste en 1924, il adhère au Parti Communiste Polonais en 1926.

Appelé au service militaire en 1926-1927 (18 mois), dans un régiment d’infanterie à Varsovie et à Prague, il est nommé caporal. Il effectue un travail clandestin au sein de l’armée pour le PCP.

Sewek Kirszenbaum déclare avoir été arrêté quatre fois pour ses activités politiques. Jugé par un tribunal de Varsovie en 1928 et en 1930, il est acquitté une fois et condamné à 11 mois de prison la deuxième fois. En 1930, le PCP le présente à des élections.

En 1932, il émigre en Allemagne.

Il s’installe en France à une date indéterminée. Il travaille chez le fabricant de manteau Gumi, situé 24 rue Albouy à Paris (10e). Il gagne entre 300 et 350 francs par semaine. Il adhère à la CGT en décembre 1935.

A Paris, il fréquente et milite dans les milieux de l’émigration juive polonaise. Selon David Diamant, il était connu à Belleville comme le secrétaire de la section du Secours Populaire (p. 94).

Parmi ses lectures, il cite des œuvres et des brochures de Marx, Engels, Bogdanov, Lénine et Staline.

Il a écrit des articles sur la politique, les problèmes syndicaux et sur le SRI dans des journaux polonais et français (Paris).

Célibataire, il demeurait 9, rue de Ménilmontant à Paris (20e).

L’Espagne

Il arrive en Espagne le 3 septembre 1936, à la fois aidé par le parti et par ses propres moyens, « a luchar » (pour lutter).

Il intègre la centurie « Gastone Sozzi », unité internationale, qui fait partie de la colonne « Libertad », commandée par Lopez-Tienda. Composée essentiellement de membres du PSUC et de l’UGT, la colonne tente de s’opposer à l’avance des forces franquistes sur Madrid (combats de Pelahustan, Talavera et Chapineria).

« Il se distingua dès les premières semaines par son esprit de courage et son impavidité, et sa « débrouillardise » suscita la plus grande admiration parmi ses camarades. Un jour sous le nez des franquistes, il ramena tout un troupeau de moutons et, sous un feu dense, les conduisit jusque dans les lignes républicaines. » (Diamant 94)

En novembre 1936, à la création des Brigades internationales, il est affecté au bataillon Dombrowski de la 11e BI. Comme chef de groupe, il participe aux premiers combats pour la défense de Madrid (Casa de Campo et Cité Universitaire) puis comme chef de section à ceux d’Aravaca (19 novembre au 9 décembre 1936).

Nommé commissaire politique de la compagnie de mitrailleuses du bataillon, qui a été transféré à la 12e BI, il prend part aux combats de Siguenza, Las Rozas, Jarama et Guadalajara.

En mai 1937, il devient commissaire d’intendance.

Nommé officier au service personnel du groupe slave à la Délégation des BI de Figueras, il occupe provisoirement le poste de responsable du personnel. En décembre 1937, un rapport le considère comme à sa juste place :

« Le consideramos muy a su puesto; cumple bien con sus obligaciones y le recomendamos para continuar su trabajo.” (Nous le considérons tout à fait à sa place; il s'acquitte bien de ses obligations et nous lui recommandons de poursuivre son travail.)

Une lettre du 12 février 1938 informe de l’admonestation qui lui a été faite car il est tombé amoureux fou ("está enamorado perdido") d’une prostituée qui fait l’objet d’une surveillance car elle est soupçonnée d’espionnage.

Il est ensuite muté au bataillon de réserve de la 13e BI.

Il participe aux combats de Lérida en tant que commissaire du 1er Bataillon (Huesca, Zaragoza 3.12.37.)

Lors de la bataille de l’Ebre, il est affecté, en tant que lieutenant, à l‘Etat-Major du 15e Corps d’Armée, dirigé par Tagüeña.

Pris dans les remous provoqués par la crise du PCP (dissolution du Parti Communiste Polonais), la commission des cadres refuse de lui remettre la carte du PCE en 1938. Peut-être ceci explique-t-il les appréciations contradictoires portées sur lui.

Un rapport de 1938, signé par le commissaire de Brigade Varela signale qu’il a un comportement « dudoso » (douteux) et qu’il est « indisciplinado. Rodeado de malos colaboradores. Formó grupos. Poca actividad » (Indiscipliné. Entouré de mauvais collaborateurs. Il forma des groupes. Peu d’activité).

Dans une lettre du 12 décembre 1938, le commissaire de guerre de Calella le recommande pour occuper le poste de commissaire à S’Agaro ou Figueras en le qualifiant de « camarada bueno y enérgico » (un camarade bon et énergique).

En Espagne, il va adhérer au SRI (voir article Solidarité)

Le retour

Il est interné dans les camps (Saint-Cyprien, Gurs et Vernet d’Ariège) et avec ses camarades il y organise la vie politique et culturelle. Il écrit dans le n° 1 de « Derrière les barbelés », organe de presse en yiddish :

« Nous n’avons pas perdu de temps. Sous le mot d’ordre « Unis comme en Espagne », nous avons utilisé le temps pour un travail politique et culturel intense (…) Nous avons été et nous restons des soldats de la liberté. Ce bulletin sera l’expression de notre unité et continuera les traditions de Botvine, l’organe des volontaires juifs. » (cité par David Diamant, p. 259)

La Résistance

« Avec Léon Pakin et d’autres combattants d’Espagne, ils créent la valeureuse 2e Division, appelée plus tard « Division Stalingrad ». » (David Diamant, Héros juifs de la Résistance française, p. 104)

Arrêté, il est déporté à Auschwitz par le convoi n° 40 du 3 novembre 1942.

Il devait y trouver le mort.

Sources

RGASPI (Moscou). Diamant David, Combattants juifs dans l’armée républicaine espagnole, Editions Renouveau, Paris, 1979.]