CARRE Gaston

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Gaston Carré est né le 7 septembre 1905 à Vézelay (Yonne). Ses parents étaient commerçants.

Après des études primaires arrêtées à 11 ans, il a effectué son service militaire au Maroc, en Allemagne et en Algérie pendant 18 mois. Il a servi comme chef de pièce, avec le grade de maréchal des logis, au 3e Groupe d’Artilleurs d’Afrique.

Plombier de profession, il était syndiqué à la CGT. Employé dans une société, sise place Hébert à Paris, il percevait 60 francs par jour.

« D’origine petite-bourgeoise », il était sympathisant du mouvement ouvrier depuis l’âge de 18 ans. Il a adhéré au PCF en 1934 et est devenu trésorier de cellule.

En février 1934 et en 1936, il a participé aux manifestations et aux grèves.

Lecteur de L’humanité, il s’intéressait à la politique étrangère.

Il était membre des Amis de l'Union Soviétique, de la Fédération Sportive Générale du Travail , de l’Union du théâtre indépendant de France et du SRI.

Marié, il demeurait 21, rue Lecuyer à Aubervilliers (Seine).

L’Espagne

Gaston Carre arrive en Espagne le 17 octobre 1936 avec l’aide du PCF.

Affecté comme soldat à la 11e BI, Batterie franco-belge puis au Groupe d’Artillerie Internationale Anna Pauker, il est nommé successivement sous-lieutenant, lieutenant et enfin capitaine en février 1937, par le lieutenant-colonel Hans.

Pendant ses 21 mois au front, du 7 novembre 1936 à juin 1937, puis du 10 juillet 1937 au 30 janvier 1938 et enfin du 15 avril au 30 septembre 1938, il prend part aux batailles de Vallecas, Cité universitaire, Las Rozas, Jarama Le front du Jarama, Guadalajara, Brunete, Belchite et Quinto (Aragon), Teruel, Balaguer et l’Ebre.

Il a bénéficié de deux permissions en France notamment pour effectuer des périodes militaires.

Sur la liste des camarades partis en permission ou rapatriés, établie le 8 février 1938 par le Service des permissions des étrangers de l’Etat-major, adressée au Comité d’aide au peuple espagnol, 1, cité Paradis à Paris, il figure avec les caractéristiques suivantes « [en] Espagne depuis octobre 36, capitaine d’artillerie, très bon antifasciste, va à Aubervilliers ».

A deux reprises, il est félicité par le lieutenant-colonel Hans et le général Walter pour « tir précis », le 11 février 1937 au Jarama et le 24 août 1937 à la prise de Quinto.

Le 11 février 1937, il est cité à l’ordre du jour de la 11e BI « pour avoir resté le dernier avec deux camarades et avoir tenu la ligne pendant une heure et demi avec une mitraillette au Jarama » et le 24 août 1937, il est cité à l’ordre de la 35ème division « pour avoir fait un tir direct sur les positions faciste en mettant la pièce en batterie à 100 m de la première ligne faciste et réduisant les fortifications faciste ce qui permi la prise de quinto ».

Dans un rapport du 17 septembre 1938, le commissaire de guerre Walter Roman, le présente comme « un officier courageux et énergique, sans beaucoup de connaissance en théorie militaire, mais dont la conduite est exemplaire au feu. Membre du parti, il lui manque l’éducation et l’école politique mais c’est un camarade dévoué au parti. Cependant, il interprète de façon erronée certains aspects politiques de la lutte actuelle. Sa conduite politico-morale n’est pas à 100%. Il souhaite rentrer en France. »

Le rapport du 10 octobre 1938 de Jacob Mehr, responsable du parti du groupe Ana Pauker, précise qu’il est un « bon organisateur mais que ses connaissances militaires sont limitées. Il ne peut être nommé commandant. Du point de vue du travail politique en général, il est un bon internationaliste. Avant la prise de la décision du retrait des brigades, il était un peu démoralisé. Il n’est pas fort politiquement mais il a acquis des compétences militaires. Très intelligent, il se désintéresse des questions politiques ».

Une fiche individuelle non datée, non signée présente des observations sur son attitude militaire « bon organisateur, connaissances pratiques limitées mais un sens très pratique » et sur son attitude politique « excellent copain, politiquement faible, respecte le parti ».

Gaston Carre a sollicité son adhésion au PCE le 11 octobre 1938.

Sur le formulaire de rapatriement du 7 novembre 1938, il indique qu’il a très peu étudié les 13 points du gouvernement Negrin mais que pour lui

« c’est la meilleur politique que peut suivre le gouvernement espagnol car c’est la meilleur façon de s’attirer les sympathies des masses »

Sur la politique du front populaire en Espagne, il pense que c’est une

« politique de rapprochement qui a donné déjas de bons résultas » et « celle qui me parait la plus juste ».

Sur le rôle des BI, il précise

« a leur arrivée les brigades on entrainer a leur suite les soldats espagnol et leur onts servi de model. a plusieur reprise [les BI] onts sauvés les situations compromises. l’organisation militaire dans l’unité a laquelle jetait rataché m’a paru parfaite (11e BI) »

A la question « qu’as-tu appris dans le domaine politique ou militaire en Espagne ? » il répond

« politiquement je n’est pas appris beaucoup ayant des occupations militaire trop grande. Militairement j’avais les capacités de chef de pièce, j’ai étudié surtout pratiquement et suis parvenu au grade de capitaine chef de groupe d’artillerie. Je pense avoir donné satisfaction a mes chefs car mon groupe a la réputation de meilleur groupe d’Espagne. J’espère pouvoir mettre mes connaissances a la disposition de notre cause ».

Ce volontaire figure dans la liste des fiches individuelles des cartothèques du 31 décembre 1937 avec l'observation B.A.O. ainsi que dans l'inventaire général du 5 mai 1938 sous le n° 46 assorti de l’observation M.B.A.O. (voir BAO)

La Résistance

Gaston Carre participe à la mise en place de l’Organisation Spéciale (OS) puis des FTP (Francs Tireurs et Partisans) et il organise des actions de sabotage.

Ses compétences militaires acquises en Espagne l’amènent à l’état-major des FTP de la région parisienne.

Arrêté le 16 mai 1942, il est condamné à mort par le tribunal du Gross Paris. Il est fusillé le 21 octobre 1942 au stand de tir de Balard, situé dans le champ de manœuvre d’Issy-les-Moulineaux.

Son épouse Yvonne Calmels, arrêtée en même temps que lui, est déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943 où elle meurt en mars 1943.

Gaston CARRE est répertorié sur la liste des résistantes et résistants, homologué FFI, dossier administratif référencé GR 16 P 108275, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense.

Sources

RGASPI (BDIC, Mfm 880/8, 545.6.1111).

RGASPI (Moscou, F. 545. Op.2. D.113).

Service historique du Ministère de la Défense : Dossiers administratifs de résistants - http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/

« Les fusillés », Les Editions de l’Atelier, Ivry sur Seine, 2015 p. 352.

Skoutelsky, Rémy, L'espoir guidait leurs pas, Grasset, Paris, 1998 p. 302, 304, 305

La guerre d’Espagne : l’histoire, les lendemains, la mémoire, colloque sous la direction de Roger Bourderon , Tallandier, Paris, 2007, p. 204.

Bourderon, Roger, Rol-Tanguy : des brigades internationales à la libération de Paris, Taillandier, Paris, 2016, p. 179-181, 185, 188, 190,195, 197-198, 206.

Rebiere, Pierre (Secrétaire Général de l’A.C.E.R.), Conférence « De l’antifranquiste à la résistance en France » Bagnolet, 2 mars 2006.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Carré.‎