CARRIE Marc Camille

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Marc Carrié est né le 12 juillet 1909. Son père Camille Carrié, « sans activité politique mais de droite », était voyageur de commerce.

Après des études primaires, il a effectué son service militaire en 1931-1932, pendant un an, au bataillon d’Infanterie Légère en Algérie, au Maroc et en Tunisie.

Il a exercé plusieurs métiers : voyageur de commerce, journaliste et forgeron dans la construction. Comme journaliste, il a travaillé à son compte et pour l’agence Havas à Paris, en 1926. Avant son départ pour l’Espagne, il était employé par l’entreprise de travaux publics Borie à Toulon, qui comptait environ deux mille salariés. Il percevait 4,50 francs de l’heure. Membre du bureau de section de la CGT, il a été représentant syndical de l’entreprise pendant 4 mois.

Dès 1926, il s’est intéressé au mouvement prolétarien à cause des bas salaires, des grèves et grâce à des lectures révolutionnaires. En 1926, il participe aux grèves des employés de banque. Il est arrêté deux fois au cours des mois de mars et avril. Pour s’être battu contre la police, avec une vingtaine de camarades, il est condamné par le Tribunal de première instance de Paris à une amende et détenu pendant 3 jours.

En 1936, il adhère au PCF dans la cellule de son entreprise. Il devient délégué à la littérature et à la diffusion des journaux et brochures. En août 1936, il participe, comme rédacteur, au congrès du PCF de la région de Marseille. Pour les journaux communistes Rouge-midi et Le cri du Gard, il rédige des articles sur les grèves et sur l’Espagne. Lecteur de la presse du PCF, il s’intéresse plus particulièrement aux questions sociales. En août 1936, il adhère au SRI.

Marié, parlant espagnol, il était domicilié à Toulon (Var).

L’Espagne

Marc Carrié arrive en Espagne le 28 octobre 1936, sur le bateau « Ciudad de Madrid », reliant Marseille à Barcelone, pour « abattre le fascisme ».

Pendant deux mois, il est affecté à la 13e BI, 10e Bataillon PC, comme chef du personnel sanitaire et responsable adjoint du groupe d’évacuation n° 1. Ensuite, pendant 4 mois, il sera intendant au service sanitaire du 5e Corps d’Armée au Centre de Benicassim. Enfin comme infirmier à la 14e BI Bataillon Henri Barbusse.

Après le front de Teruel en février 1937, il est nommé caporal, puis sergent le 12 juin à Cordoba et enfin lieutenant à Albacete lors de la dissolution de la 13e BI.

Sur le formulaire de rapatriement du 9 novembre 1938, il précise avoir reçu sa nomination officielle pour les grades de caporal et de sergent. Mais « celle d’alfarez [lieutenant] ne figure pas sur mon livret et les nominations sont égarées. J’ai rempli les fonctions d’alfarez du 12 septembre 1937 au 18 mars 1938 ».

Il aura passé 17 mois et demi au front, du 27 décembre 1936 au 7 août 1937 avec la 13e BI, du 20 août au 1er novembre 1937 avec le 5e Corps d’Armée et du 18 mars au 22 septembre 1938 avec la 14e BI. Il détaille les opérations auxquelles il a pris part : « l’attaque de Teruel en 1936, l’établissement des lignes de Malaga, la contre-offensive de Pozoblanco, l’offensive de Brunete, l’offensive de Quinto et Belchite, la retraite de Caspe, l’offensive de Campredo, la défensive de Sierra de Caballs ».

En mai 1937, il est blessé à la tête par la mitraille lors d’un bombardement de l’aviation à Los Blazquez (Cordoba) sur le front sud de Peñaroya, mais dit-il « étant sanitaire, j’ai refusé l’évacuation à l’arrière et j’ai été soigné en seconde ligne à l’hôpital de la 13e BI ». Pour ses activités au front et ses nominations, il a reçu les félicitations du commandant Jensen, médecin chef de la 13e BI. Du 15 au 25 août 1937, il a bénéficié d’une permission à Valencia.

Sur le formulaire de rapatriement du 9 novembre 1938, il donne son opinion sur les 13 points du Dr Negrin :

« au point de vue de la situation actuelle en Espagne, les 13 points me paraissent le grand œuvre d’un vrai front populaire »

Sur la politique du front populaire, il pense qu’elle est

« la seule qui puisse faire gagner la guerre aux républicains, non seulement par les armes mais aussi politiquement, c'est-à-dire avoir la confiance des masses. »

A la question, cette politique est elle bonne et juste ? Il répond

« il n’est pas question de bonne ou juste. Elle doit être ferme et s’attacher à englober les désirs des différents partis afin d’avoir une union nationale concrète et agissante. »

Sur les BI, il précise que

« pour la première fois dans l’histoire du prolétariat, les ouvriers du monde entier ont prouvé aux capitalistes que l’on pouvait compter avec eux, qu’ils étaient capables de se comprendre, de lutter, de vaincre même, avec les seuls moyens de leur force propre et de faire face à la plus puissante organisation militaire. Elles ont prouvé cela justement en Espagne ou notre exemple des premiers jours ont prouvés aux différents partis la nécessité de l’union et du commandement unique ».

A la question, qu’as-tu appris en particulier dans le domaine politique ou militaire depuis que tu es en Espagne ?

« j’ai appris sur tous les points de vue ayant toujours eu des taches de responsable d’organisation. J’apporte deux ans d’expérience dans le domaine sanitaire. Je suis à l’heure actuelle un infirmier qui a plusieurs reprises a eu la charge d’un bataillon, à soigner et à évacuer. Mes chefs ont toujours été satisfaits de mon travail ».

Le rapport du commissaire politique Lucien BIGOURET (voir la biographie de ce volontaire) du 20 novembre 1938 est élogieux:

« [Marc Carrié] s’est occupé du service sanitaire et comme tel a bien accompli son devoir autant au front qu’a l’arrière. [Son] éducation politique est bonne, [il] a été responsable de la cellule de la CHR et faisait bien ses réunions. Sa conduite personnelle est exemplaire. [C’est] un camarade très sérieux, discipliné et courageux. Il était un bon infirmier et un bon camarade ».

Marc Carrié veut être rapatrié sur Toulon.

Source

RGASPI (BDIC, Mfm 880/8, 545.6.1111).