CHAIDRON LOUIS

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Le lieutenant Louis Chaidron a rédigé, à Villanueva de la Jara, le 11 décembre 1937, sa biographie manuscrite qui est reproduite in extenso ci-après :

«  Je m’appelle Louis Chaidron, je suis né le 17 décembre 1906 à Presles en Seine et Oise (France), mes parents sont Belges et Bûcherons, mon père est un vieux militant syndicaliste; il luttait déjà en 1886.

Je fus élevé assez durement étant le dernier enfant d’une famille nombreuse (le 7ème) j’ai encore actuellement 4 frères vivants, tous les 4 sont antifascistes et 2 sont militants du P.C. En 1919, alors âgé de 13 ans, j’entrais au P.S. Si je suis entré aussi jeune dans les organisations politiques, c’est que j’avais un frère militant de gauche et fondateur de l’A.R.A.C, c’est lui qui m’a appris les premiers principes du Socialisme, par suite ce fut la lecture des Brochures Révolutionnaires.

En 1921, lors de la cission de Tours, j’optais pour la 3ème internationale, que je préférais de beaucoup au réformisme semi-bourgeois des socialistes de l’époque, et puis les thèses marxistes améliorées et adaptées par Lénine, me tentaient beaucoup. J’avais alors 15 ans. Par la suite je compris beaucoup mieux et m’imprégnais cette fois avec plus de sérieux et de conscience du Socialisme Léniniste.

Jusqu’à l’âge de 18 ans je militais comme un bon jeune, sans plus, c’est seulement à partir de ce moment que commence vraiment ma vie de militant du P.C. En effet, vers la fin de 1924, je [fus] nommé secrétaire, puis secrétaire de cellule a Presles, a la même époque j’entrais dans la vie syndicale (C.G.T.U.). En mai 1926 je partis pour le régiment, incorporé au 153e RI. Je continuais la ma vie politique, mais d’un tout autre genre. J’y faisais de l’agitation illégale, car a cette époque recommencèrent les périodes de réserves qui avait été par la guerre supprimées et arretées.

Je fus successivement caporal, puis sergent, je passais mon brevet de chef de section avec succès fin juillet 1927. (j’avais avant été deux mois et demi instructeur mitrailleur dans l’aviation, comme je ne donnais pas satisfaction je fus renvoyé dans l’infanterie. Je fis pendant ces 2 mois et demi une courte apparition au Maroc alors en guerre et en Syrie. Je ne devais pas garder longtemps les galons, en effet à la suite [d’une] manifestation en faveur de nos camarades réservistes et de caractère nettement antimilitariste (manifestation qui eut lieu vers le 15 août 1927). Je fus, ainsi que 14 camarades, dénoncé et traduit devant le conseil de guerre de Forbach. Je fus cassé et condamné à 3 mois de prison.

L’Humanité d’alors relata les circonstances de cette manifestation dans son numéro du 24 ou 25 août. J’avais en effet fais parvenir un papier par le truchement de l’ex-camarade Paquereau, que je comptais alors parmi mes amis. (j’ai depuis changer mon attitude vis-à-vis de lui). Je dus cesser toute activité politique jusqu’à la fin de mon service militaire. Je fus libéré le 12 novembre 1927, bénéficiant d’une remise de peine de 15 jours. En rentrant dans la vie civile, j’appris que la cellule c’était éteinte, par manque de militant capable de la dirigée. C’était l’époque des brimades par excellence. Le syndicat lui aussi était en décadence. Jusque ce moment de ma vie, j’ai presque toujours travaillé dans les bois, comme bucheron et a part quelques courts moments employé dans d’autres industries, ce fût mon seul métier. Le syndicat auquel j’appartenais alors est le syndicat des Bucherons de Presles en Seine et Oise.

Après mon service je me mariais (en janvier 1929). Je travaillais alors pour un entrepreneur de travaux publics, la maison Soutin frères de Presles, j’y restais pendant deux [ans] et demi environ, je fus licencié à la suite d’une grève à Epluches (S et O) en juillet 30. J’étais en effet le meneur de ladite grève et mon patron qui est conseiller municipal connaissait mes opinions, car j’avais été candidat aux élections contre lui en 1929. Nos revendications portaient sur une augmentation de salaires, c’était a l’époque des assurances sociales. Pendant la période de 1928 à 1934 je n’appartins plus a aucune organisation, ni politique ni syndicale (sauf au comité contre la guerre et le fascisme). Dans mon canton (Isle Adam) toutes les organisations furent démolies les unes après les autres et les militants durent ce diriger vers d’autres pays (exemple les camarades Boudinot et R. Deschamps) moi également; c’est ainsi que je rentrais dans les assurances a Paris en Août 1930 à la Cie l’Union, 6 mois comme courtier, à la Cie la Dotale ou je restais jusqu’au mois de mars 1936 en qualité d’Inspecteur Divisionnaire.

J’ai du quitter à nouveau cette maison car le Directeur chef Croix de Feu notoire avait appris que j’avais été candidat du P.C. aux élections de 1935 à Presles que je n’habite plus en réalité, mais ou je suis toujours électeur, lors de ma première candidature je n’avais pas l’âge réglementaire mais il manquait des candidats sur notre liste de sympathisants du P.C. J’ai rentré à nouveau au Parti au mois de mars 1934 (a Preles toujours) cette même année j’allais habiter à Boulogne sur Seine car ma femme est la secrétaire de Morizet le sénateur maire de cette ville (entre parenthèses j’espère que « c’est du jeu » pour lui dans ce pays). Je fis au mois de janvier 1936 ma mutation au P.C. de Boulogne s/ Seine, cellule de la rue de Paris. Je n’ai occupé aucunes fonctions dans les organisations a Boulogne sauf une collaboration au journal du rayon « l’Etincelle ».

J’ai conduit 3 grèves en juin et juillet 36 a Presles, les Bucherons, les Métaux et une usine de tonnellerie. A la suite de ces grèves, 3 syndicats furent créés, je me suis occupé plus particulièrement du syndicat des métaux qui comptait jusqu’à 80 membres avant mon départ pour l’Espagne. »

L’Espagne

« A l’appel du peuple espagnol j’ai quitté ma femme et mon enfant, le 18 novembre 1936. Je suis arrivé à Albacete le 21. Je fus affecté à la Cie. Mitrailleuse du 10ème Bat. de la XIIIe Brigade comme Ct. adjoint, après 6 ou 7 jours je fus nommé Ct. de cette même Cie.

Le 4 décembre 1936, je fus appelé à l’E.M. de la XVIIIe Brig. pour prendre la direction du Bureau des Effectifs sous les ordres du Général Gomez, nous partîmes au front le 18 décembre a Teruel, nous attaquâmes le 27 de ce mois. Les Bt. ayant été décimés et les cadres manquant, je fus appelé par le Gl. a prendre le Commandement du 11e Bt. (Louis Michel) le 6 janvier au matin, nous restâmes sur les positions jusqu’au 30 de ce mois, le 7 février mon Bt. fut dissous et je repris à nouveau ma place à l’E.M. de la Brigade. Le 10 février nous partîmes pour le front de Malaga. Par suite de la désertion du Ct Pineau, je dus prendre (toujours par ordre du Gl.) la responsabilité du 10e Bt jusque sur le front (Orjiva) a ce moment le Cd du Bt. fut confié au Camarade Robert Lhez. Je restais à l’E.M jusqu’au 14 juillet passant par les fronts de Grenade, Pozoblanco et finalement Brunete d’où je fus évacué le 14 juillet pour dysenterie. Mes fonctions à l’E.M furent : 1° Chef du bureau des effectifs, 2° responsable des 4 bureaux de l’E.M., 3° lors de mon évacuation je venais d’être appelé comme Ct. adjoint de l’Etat Major.

Evacué sur Tarancon et Albacete, je reçus une permission spéciale du Ct Vidal. Je partis en France fin juillet avec un ordre de mission pour Figueras. Je rentrais à Albacete le 2 octobre et je fus affecté comme instructeur à l’Ecole des Elèves s-officiers.

Je n’ai jamais sollicité aucune responsabilité et ai toujours exécuté les ordres qui me furent donnés. Je m’engage à continué dans l’avenir le travail que j’ai commencé dans le passé, c'est-à-dire toujours agir en bon communiste. On peut demander des renseignements sur moi; en France aux camarades Costes député de Boulogne, Fillon, conseiller général de l’Isle Adam, Paul Aubry, ex-secrétaire du rayon de Beaumont S/Oise, au secrétaire du rayon actuel Beaumont, aux camarades Prachay, député de Pontoise, au secrétaire de cellule de la rue de Paris à Boulogne.

En Espagne, au camarade Gl. Gomez, au Ct Chindler de l’E.M. d’Albacete, au capitaine de l’E.M. Braun, actuellement à Benicassim ou a Benisa, au camarade délégué de guerre Ferry. »

Au bas de la biographie figure la mention manuscrite « rentrer en France ». Louis Chaidron figure sur une liste de permissionnaires datée du 1er février 1938, avec l’indication « se rend en permission pour 10 jours pour raisons affaires personnelles ».

La Résistance

Louis Chaidron est répertorié sur la liste des résistantes et résistants, homologués FFI, dossier administratif référencé GP 16 P 116636, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense.

Sources

RGASPI (BDIC, Mfm 880/9, 545.6.1116) et (Moscou, F. 545. Op.2 D.114).

Service historique du ministère de la défense.