HAMEL Robert

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Robert Hamel est né le 1er septembre 1902 rue des Bouchers à Bayeux (Calvados). Son père, Prosper, était mécanicien à la Compagnie des chemins de fer du Calvados, sa mère, Joséphine Michel, sans profession ; ils étaient sympathisants communistes. Après des études primaires, Robert suivit 3 années d'apprentissage comme ajusteur mécanicien.

En 1919, il s'engagea en qualité de mécanicien pour une durée de 5 ans dans la Marine à Cherbourg. En 1920, il participa à "la campagne de Russie" en mer Noire. Il s'ouvrit à la politique en 1921. A son retour du service militaire, il adhéra à la CGTU section métaux (à cette période, il devait probablement exercer son métier d'ajusteur). En 1926 il devint chauffeur de taxi et adhéra à la Chambre syndicale des cochers chauffeurs CGT ainsi qu’au FSI. Employé à la Compagnie des voitures de Paris où il devait devenir délégué de garage, secrétaire de la section syndicale et secrétaire adjoint inter-garages. Durant cette période, il épouse Odette Henry le 26 juin 1926 à la mairie du 14e arrondissement de Paris, dont il divorcera le 3 juillet 1937.

De 1927 à 1930, il était adhérent du PCF. Il participa aux différentes grèves des chauffeurs de taxi, et sera inculpé pour entrave à la liberté du travail en 1934. Ceci lui vaudra une condamnation à 1 mois de prison qui se traduira par 15 jours avec sursis après appel. En 1935 il adhéra à nouveau au PCF, cellule du garage Chemin Vert Paris 11e. Il suivit l'école des cadres du PCF durant un mois en 1936 et écrivit quelques articles dans le bulletin du garage. Il était lecteur de L'Humanité, des Cahiers du Bolchevisme et s'intéressait particulièrement à l'économie politique.

Avant son départ comme volontaire en Espagne républicaine, il était divorcé, père d'un enfant et demeurait 23, rue de Tlemcen à Paris (20e).

L'Espagne

Il arrive le 19 avril 1938, illégalement, à pied par les Pyrénées Passage clandestin des Pyrénées via Massanet, aidé par le Comité International d'aide au peuple Espagnol, avec un groupe de 43 volontaires. Dans ce groupe figuraient des camarades de sa corporation et de son syndicat : Champeaux Lucien Lucien CHAMPEAUX, Joubert Maurice [JOUBERT_Maurice|Maurice JOUBERT]], Magnaval Damien Damien MAGNAVAL, et Constanty Germain Germain CONSTANTY. Le 21 avril il est dirigé sur Olot et le 10 mai, affecté à la 2e Compagnie du 4e Bataillon Bataillon Henri Barbusse de la 14BI (OJ du15 mai 1938). Il est nommé délégué politique de section.

Le 20 juin, il écrit une lettre à ses camarades chauffeurs qui est rapportée dans le Réveil des Cochers Chauffeurs en ces termes :

« Chers camarades, Je m'excuse d'abord du retard apporté à vous donner de nos nouvelles ; nous nous rejetions toujours la tâche d'écrire les uns aux autres, puis sont venues des séparations et des tâches qui ne nous laissaient que peu de temps ; aujourd'hui je me décide tout seul. Des nouvelles des copains ? Vous savez que notre camarade Magnaval nous a quitté dès le premier jour de notre affectation à la brigade" La Marseillaise". Leroy nous a quitté quelques jours avant, malade. Je suis au bataillon "Henri Barbusse" avec nos camarades Constanty, Champeaux et Joubert dans la même compagnie. Seul Constanty était dans ma section ; ils m'ont quitté voici trois jours, désignés pour diriger une école de cabots (caporaux). Nous sommes en ce moment au repos, nous attendons d'un jour à l'autre à être à nouveau appelé pour défendre un nouveau front, repos bien gagné car malgré les petits cadeaux que nous envoyaient Hitler et Mussolini via Franco, nous appliquions à bloc le mot d'ordre du camarade Negrin: " Fortifier pour résister, car résister c'est vaincre". Nous avons fait des journées et même des nuits d'émulation entre unités. Nous continuons notre travail de militants en même temps que le travail du soldat ; en ce moment nous occupons notre repos en faisant la moisson ; nous récupérons les blés abandonnés par les paysans devant fuir la zone de feu ; partout dans notre secteur ce ne sont que des ruines ; les fascistes dans leur rage de ne pouvoir avancer, détruisent tout ; nous avons le triste spectacle des régions Nord et Est de la France pendant la guerre. Notre vie dans les tranchées, est la même que dans n'importe quel pays entre le travail et la garde aux créneaux, discussions et lecture (quand nous avons les journeaux) belotes et aussi la chasse aux totos, que nous appelons les trimoteurs ; vous voyez qu'il y a de quoi passer le temps. Si nous constatons sur le front le résultat de la politique de non-intervention, nous voyons par la presse que la politique du moindre mal ou de l'autruche, est pour certains, contagieuse, malgré les exemples et leurs tristes résultats que nous avons vus dans d'autres pays. Si nous serrons les poings de sentir notre faiblesse découlant de cette politique, nous nous demandons à la lecture des journaux, jusqu'où iront nos gouvernants dans la voie des reniements et des capitulations. Voudrait-on livrer l'Espagne au fascisme, voudrait-on toujours et partout s'incliner devant les agressions que l'ont ne s'y prendrait pas autrement, mais il faudra bien qu'un jour ces politiciens entendent la voix et sentent la poigne du peuple, qui lui, veut autre chose que lui fabriquer ses chaines ; nous-mêmes qui luttons ici, nous sommes bien décidés à faire le maximum pour faire reculer le fascisme ; que l'on nous donne les armes qui nous manquent et nous sauront arracher la victoire. A vous, camarades, nous demandons d'intensifier la propagande dans ce sens et pour donner aux femmes et aux enfants, avec qui nous partageons notre pain, autre chose que les bombes d'avion que nos gouvernants semblent trouver naturel qu'ils reçoivent. J'ai déjà écrit deux fois à notre camarade Verich, ainsi qu'à Vigier; je demandais chaque fois que l'on nous envois les Réveils parus depuis notre départ; si cela n'est pas fait, vous serez bien gentils de nous les envoyer. Chers camarades, au nom des chauffeurs de taxi luttant dans le bataillon Henri-Barbusse, au nom de tous, je vous envoie mon salut fraternel et antifasciste

                                                        R. HAMEL »

Il participe avec sa Brigade à la Bataille de l’Ebre, le 29 juillet il est blessé à l'avant- bras droit par une balle de mitrailleuse, et refuse d'être évacué. Malade du 28 août au 17 septembre, il réintègre la 4e Compagnie (OJ n° 517 du 17 septembre 1938). Dans le document de démobilisation qu'il complète le 13 novembre 1938, des questions lui sont posées sur sa connaissance des 13 points de gouvernement d'union nationale Negrín, il y répond par l'affirmative et précise les avoir étudiés et " qu'ils sont le seul programme capable de réaliser l'union du peuple Espagnol dans sa lutte et dans son travail de reconstruction". Concernant le rôle des Brigades Internationales, leur politique et organisation militaire, il dit : " les brigades ont aidé à la formation d'une armée à commandement unique mais elles nous ont révélé qu'il est difficile de former des officiers capables en peu de temps. Les responsables militaires et politiques se sont souvent révélés en dessous de leurs tâches". Durant son engagement en Espagne, il adhère au PCE et au SRI Solidarité.

Lucien Bigouret,: Lucien BIGOURET responsable de l'Organisation du Parti au sein de la 14BI, le qualifie comme suit : "un peu sectaire, mais bon élément sain, assez d'autorité sur sa section, bonne éducation politique, bon camarade un peu orgueilleux ".

La Résistance

Robert Hamel sous le pseudonyme de "Henri" devient responsable militaire FTPF de la région P2 (arrondissement de la rive droite de Paris). Arrêté le 14 août 1942, un tribunal militaire allemand le condamne à mort. Il est fusillé au Mont Valérien le 15 février 1943. Il est inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, division 47, ligne 1, n° 8.

La mention "Mort pour la France" lui fut attribuée le 12 novembre 1948. Une plaque fut apposée au 23, rue de Tlemcen à Paris (20e) : " A la mémoire de Robert Hamel membre du parti communiste français fusillé par les Allemands le 15 février 1943". Son nom figure sur la liste des résistantes et résistants homologués, Adjudant FFI DIR, dossier administratif référencé GR 16 P 284412, publiée par le Service Historique du Ministère de la Défense.

Sources

RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 6. D. 44 et 1224) - Arch Départ du Calvados, Etat Civil cote 4E10565, acte de naissance n° 91 du 2 septembre 1902 - Arch Départ de Paris, Etat Civil, cote 14M290, Acte n° 1124 - Réveil des Cochers-Chauffeurs CGT - Service Historique du Ministère de la Défense - Maitron des fusillés -