ROBERTY Dominique

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Dominique Roberty est né le 14 septembre 1900 dans le dixième arrondissement de Paris. Son père était un ouvrier socialiste qui se rapprochait du PCF : « Ahora sympathisant comunista », note-t-il dans sa biographie pour adhérer au PCE.

Après avoir suivi les cours de l’école primaire et accompli son service militaire au 22e Goum mixte marocain (ce qui lui permettra de parler arabe), il va devenir chauffeur.

Il travaillait à La Carbonique Française de Bobigny. Dans cette entreprise, qui employait environ 150 personnes, il gagnait environ 1.500 francs mensuellement.

Membre de la CGTU puis de la CGT, il était délégué ouvrier et avait participé aux grèves et manifestations de Juin 1936 à Bobigny et à Paris.

Il était adhérent des Amis de l'Union Soviétique depuis 1929 et membre du Secours Rouge depuis 1930.

Veuf, sans enfant, il demeurait 8, villa Baroche à Drancy.

L’Espagne

Arrivé en Espagne le 17 novembre 1936, il est affecté à l’unité des tanks d’Archena. Il y rencontrera Gaston OBACH qui deviendra son lieutenant. Une note de la base d’Archena datée du 14 décembre 1936 le qualifie de « bon élément, sincère et d’initiative. » Avec cette unité de tanks, il participera, comme conducteur de tanks, à divers combats lors de la Défense de Madrid et sur Le front du Jarama.

Muté au Parc auto d’Albacete, il deviendra responsable du 1er groupe, puis, à partir du 25 octobre 1937, responsable d’un groupe de transport sanitaire de la 14e BI. Il participera au repli (Caspe) lors de l’ Offensive franquiste d’Aragon.

En juillet 1938, puni (voir Sanctions) pour « avoir emmené par le collet un camarade qui m’avait insulté, quand je lui faisais remarquer qu’il faisait de la provocation », Dominique Roberty est suspendu de son grade de sergent et « envoyé en bataillon en ligne alors que je demandais cela depuis aout 1937. » Il pense que cette décision n’a pas été juste « Je pense que quand on punit on doit entendre les 2 parties. Quand a mon envoi au front j’en suis heureux. »

Il est alors affecté à la 1e section de la 4e Compagnie du Bataillon Vaillant-Couturier. Le 9 septembre 1938 (voir Bataille de l’Ebre), il est félicité par Georges Magnien, chef de la 4e Compagnie, pour avoir mené la Compagnie à l’attaque de la cote 340.

Le 22 septembre 1938, veille du retrait des brigades de ce front, il est blessé à la tête et aux cuisses, lors du repli sur la cote 138 « en protégeant la retraite des camarades marchant malaisément ». Son camarade Polydore PATOU, de la même Compagnie, peut attester de l’exactitude de ces faits. Il sera hospitalisé pendant deux mois à Reus, Vilafranca del Penedès et Vich.

Il avait bénéficié d’une permission de 16 jours à Benisa (Alicante).

Répondant au questionnaire du formulaire de rapatriement, il a appris en Espagne :

« Que nous luttions contre le capitalisme mondial, que c’était la plus grande puissance financière connue à ce jour qui livrait bataille aux ouvriers du monde entier et que nous n’avons à attendre de lui que la misère et la ruine en cas de victoire pour lui. Qu’en Espagne il a eu et a toujours des ramifications dans diverses organisations soit disant anti fascistes et qui continuent toujours impunément à faire leur travail de désorganisation pour ouvrir à notre ennemi (le fascisme) et que notre travail ne fait que commencer au jour où nous sortons d’Espagne. »

Il a lu et étudié les 13 points du Gouvernement d’Union Nationale de Negrín. Il pense que le 2ème point («liberación de nuestro territorio de las fuerzas militares extranjeras »)

« nous concernait. Or à ma cellule des transports de la XIVe BI », j’ai été le seul a soutenir cette thèse que nous y étions impliqués. Le Camarade Maurice FOURNAISE Cre Pol et le Cne Paisé (voir Georges PAYSE) m’ont apportés des démentis formels. » « C’est que depuis juin 1937, après les Russes, les Internationnaux on étés évincés des tanks et aviation. Donc préméditation Pour avoir les mains plus libres. »

Il pense que la politique du Front populaire en Espagne est :

« Très bonne sauf pour la FAI et la CNT. Pourquoi dans ces pays prens-t-on du lait dans les bars aux consommateurs, quand les enfants et les malades en ont tant besoin et que dans les restaurants controlés par ces organisations mange-t-on mieux qu’ailleurs ?? » [Cette politique n’est pas juste] « parce que le contrôle devrait être opèrè par le gouvernement sans tenir compte de la couleur du parti ou de l’IDEAL.

Questionné sur le rôle des BI, il pense que :

« Les brigades ont fait un bon travail militaire et politique et pour moi je crois que c’est un coup très dur pour les recettes du S.R.I. et les paysans des contrées ou cantonnaient les B.I. car partout nous nous sommes fait des amis de la population civile en les aidant financièrement et matériellement. De plus notre cran au front était légendaire et même les fascistes y trouvaient un os quand ils se rencontraient avec nous"

La Résistance

« Résistant dans un maquis de la vallée de Chevreuse, tout son groupe a été arrêté le 5 juillet 1944 à Palaiseau, transféré à la Préfecture de police de Paris pour « interrogatoire » ensuite interné à Fresnes, il a été déporté le 15 août 1944 dans le dernier train parti de Paris (Gare de Pantin bestiaux) les cheminots de la Gare de l’Est étaient déjà en grève, destination Buchenwald, matricule KLB 77432, envoyé après la quarantaine au Kommando d’ Ellrich (où l’on creusait un tunnel pour rejoindre le camp de Dora).

Il était dans le même maquis FTPF que Marcel Chaudessolle, ancien brigadiste, son supérieur, je crois [Selon la notice du Maitron, Marcel Chaudessolle faisait partie de l’équipe de chauffeurs de camions qui transportait les armes fournies par l’URSS aux républicains espagnols]. Ils ont été déportés ensemble (les matricules se suivent Chaudessolle avait le 77431) jusqu’au départ de mon père d’Ellrich, Chaudessolle était au revier, il est rentré, venu voir ma famille mais j’étais trop petite pour me souvenir de lui. »

Fin février 1945, il a fait partie d’un « convoi » qui a été bombardé en gare de Nordhausen, les survivants sont partis à pied sur les routes dans une marche de la mort qui les a menés à Bergen-Belsen où il est mort le 17 mars 1945. » (Témoignage de sa fille, Mireille Roberty)

Son nom, mal orthographié – Roberti -, figure sur la liste « In Memoriam » « Honneur à la mémoire de nos Héros », publiée par l’AVER (‘’Epopée d’Espagne’’, 1956, page 194).

Il figure également sur la liste des déportés et internés de la résistance (DIR) publiée par le Service historique de la Défense (Vincennes GR 16 P 514682 et Caen SHD/ AC 21 P 6644401).

Sources

ROBERTY Mireille, échange de mails - AVER (‘’Epopée d’Espagne’’, 1956) - RGASPI (Moscou, F. 545. Op. 2 D. 130 et Op.6. D. 1377) – Maitron (article n° 243649)