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Gilbert Banlier est né le 20 décembre 1911 à Saint Martin du Clocher (à 5 km au N-O de Ruffec), en Charente. Il était le fils d'Henri Eleonor Banlier, cultivateur, et de Marie Alexandrine Maisonneuve, sans profession.
Il a écrit lui-même sa biographie :
« Né de parents paysans appartenant à une vieille famille républicaine. Jusqu’au certificat (d’études primaires), j’ai été à l’école puis après (j’ai) travaillé le sol, mes parents étant petits propriétaires et étant moi-même aîné de 3 enfants. Jusqu’à 20 ans je travaille chez mes parents. A 21 ans, m’entendant plus avec mon père, je deviens domestique de ferme pendant 6 mois.
Puis le service militaire à Constantine au 67e d’Artillerie d’Afrique. Je reste 2e canonnier, suis des cours de morse, de pointeur etc.… Mais protestant contre la mauvaise nourriture, attrape 15 jours de prison et ensuite aux corvées les plus sales, termine mon temps en faisant 15 jours de rabiot.
Puis je retourne chez moi, travaille à nouveau chez mon père pendant 3 ans, puis nouvelle discussion et j’embauche comme terrassier sur la ligne du P.O. [Paris-Orléans, son entreprise employait 50 ouvriers et il y gagnait 800 francs par mois]
C’est de là que je suis venu en Espagne
Ma vie militante
A 17 ans (1928) je suis membre du parti, 1 an après secrétaire de ma cellule, 2 ans après membre du Bureau de Rayon où je m’occupe spécialement du travail paysan, 2 ans après appelé au comité régional, je suis délégué de ma région au dernier congrès de Villeurbanne. J’étais candidat du parti aux dernières élections cantonales (en) octobre dernier.
Autres travaux.
Je suis depuis 5 ans trésorier du syndicat de la c-g-p-t où j’ai lutté contre plusieurs ventes saisies avec mes camarades, monté pour cette organisation un foyer populaire. Je suis secrétaire du Comité Amsterdam-Pleyel de ma commune.
Membre du comité de front populaire de la localité de Ruffec où je représente la c-g-p-t., je suis délégué à Paris le 14 juillet 34 par le Front populaire ; avant j’avais été délégué par le comité d’Amsterdam à une grande manifestation au bois de Vincennes.
J’étais membre l’année dernière du Secours Rouge International.
Depuis que j’étais terrassier, avais crée le syndicat des terrassiers duquel j’étais secrétaire et c’est tout »
Intéressé par la question paysanne, Gilbert Banlier a complété sa formation aux cours du parti et grâce à ses lectures, en particulier L’Humanité, Les cahiers du bolchevisme, La Correspondance internationale, le Manifeste du parti Communiste, L’Anti-Dühring d’Engels, des ouvrages sur le léninisme.
Ce brigadiste s’intéressait au problème international et à l’unité d’action.
Il avait écrit quelques articles dans les journaux locaux.
Il parlait français et un peu l’espagnol.
L’Espagne
Gilbert Banlier arrive en Espagne en camion par Figueras, via Massanet, le 16 décembre 1937, avec un groupe de 57 volontaires. Le 18, il est envoyé à Albacete.
Il est affecté à la 1ère Compagnie du Bataillon André Marty de la 14e BI.
Ensuite, il passe un mois à l’école des commissaires politiques et en sort premier. Un compte rendu daté du 16 février 1938 donne l’appréciation suivante : « raisonne avec bon sens et voit en général politiquement juste. A fait de gros progrès. Un de ceux qui a le plus profité de l’école. Reste un peu taquin. Peut faire un bon cadre politique. » (Signé la commission des cadres)
Avec le grade de sergent, chef de section, Gilbert Banlier prend part aux violents combats de Caspe (Offensive franquiste d'Aragon) où il est blessé le 25 mars 1938 et hospitalisé à Moya. Il a été félicité pour sa combativité.
Rétabli, il participe à la Bataille de l’Ebre. Il est à nouveau blessé le 22 septembre 1938. Dans sa lettre du 7 octobre 1961, Gilbert Banlier précise
" […] j’ai commandé la Cie Baligan dans les ultimes combats de la sierra Pandols où, avec une poignée de soldats j’ai tenu tête à l’ennemi pendant plusieurs heures, alors que l’ordre de retrait avait été donné, mais ne nous était pas parvenu. Etant blessé depuis plusieurs heures, aussitôt que nous avons rejoint nos camarades j’ai été dirigé sur l’hôpital. » (AVER, lettre du 7 octobre 1961)
Le commissaire politique Eulogio Breton le qualifie de « bon chef de section avec une conduite exemplaire », qui a eu « une très bonne attitude et comportement à Corbera". Il mentionne qu’il a également « une bonne capacité politique et une bonne influence sur ses subordonnés. »
L’appréciation suivante a été signée par Bigouret et François membres du comité du parti : « A accompli sa tâche très courageusement. Toujours le premier à montrer l’exemple et la discipline. Très bon organisateur. Responsable du parti à la 1ère compagnie, assez actif. Conduite exemplaire. Très bon élément. »
Cité à l’ordre de la brigade, plusieurs cadres de son bataillon font son éloge :
tel le camarade Boursier, commandant du 3e Bataillon : « Très bon chef de section, aurait fait par la suite un bon lieutenant. Bon travail, n’a fait que s’accentuer jusqu’au dernier jour » (Appréciation datée du 9 octobre 1938).
ou Paches, commissaire politique du 3e Bataillon : « Bonne capacité politique et militaire ».
ou encore Baudement, responsable du parti du 3e Bataillon : « Camarade cherchant toujours à s’éduquer, en progression nette. »
Les caractéristiques définitives sont données par Marty et Luigi Gallo : « D’une bravoure exemplaire, a perdu au front momentanément le contrôle de lui-même, mais s’est ressaisi rapidement, en arrière bon militant, en progression, blessé. »
Son comportement exemplaire a fait l’objet d’une publication dans « El Voluntario de la Libertad » (I-V-38 page 7).
Le 26 août 1938 il a adhéré au PCE.
Lorsqu’on lui demande son opinion sur les enseignements des Brigades, il répond :
« …Ils sont excellents et d’une grande clarté politique… Ils apportent toute la clarté et l’assurance dans la lutte, désarment l’ennemi politiquement et sont un grand coup porté à l’arrière fasciste »… « faire voir qu’un pays où le peuple était derrière son gouvernement, pouvait résister même dans une grande infériorité matérielle, faire la démonstration de l’unité est le gage certain de la victoire… » « Avec une telle politique, la guerre terrible et cruelle, aura fécondé l’Espagne tout en la bouleversant et son principal cadavre sera le fascisme »
Son bulletin de rapatriement est daté du 11 novembre 1938.
La Résistance
Mobilisé à la déclaration de guerre, il est fait prisonnier et s’évade peu de temps après. Dès sa démobilisation, en octobre 1940, il reprend la lutte contre l’occupant, dans un premier temps dans les rangs de l’OS puis, plus tard, des FTPF. Le 22 février 1942 il échappe de justesse à la Gestapo venue l’arrêter. Gilbert Banlier continue le combat clandestin, participant à plusieurs opérations contre l’ennemi . Au cours de diverses embuscades, il capture une centaine de gardes-voies, entre Ruffec et Poitiers sur la ligne stratégique Bordeaux-Paris. Remarquable chef de partisans, il réalise avec succès plusieurs opérations contre l’ennemi dans le département de la Vienne et des Deux Sèvres. Promu capitaine le 1er juillet 1944, membre de l’état-major FTPF pour le département de la Vienne et des Deux-Sèvres, il participe brillamment avec sa compagnie à la libération de la région de Limoges. Sur proposition du secrétaire d’État aux Forces Armées et du Ministre des Forces Armées, le Président du conseil des ministres le cite à l’Ordre de l’Armée.
La citation est ainsi rédigée : BANLIER Gilbert Lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur. « Résistant tenace et persévérant, a réussi à s’enfuir des griffes de la Gestapo qui l’avait arrêté en 1942. Sans souci des dangers courus, a continué la lutte contre l’occupant, prenant, à partir du 6 juin 1944, la tête d’une section et infligeant à l’ennemi des pertes sévères en hommes et en matériels dans maints combats inégaux. S’est en toutes circonstances, distingué par son mordant et son exemple, en particulier le 10 juillet 1944, au lieu-dit "la Butte rouge", où, grâce à son action, l’ennemi a perdu 7 prisonniers et un camion chargé d’un important matériel. Le 25 juillet 1944, à Saint-Macoux (Vienne), à la tête d’une poignée d’hommes, a fait irruption dans un restaurant capturant 25 Allemands avec armes et bagages. » Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec palme. Fait à Paris le 14 janvier 1948 Signé : SCHUMANN
Membre de l’[[AVER, dans une lettre du 7 octobre 1961, où il annonce sa présence à une commémoration, il précise
"Je suis capitaine en non activité ; j’ai été muté à Versailles en non activité comme notre ami Rol-Tanguy (voir Henri ROL-TANGUY) et le chef de Bataillon qui est aussi un ancien d’Espagne. »
Il est répertorié sur la liste des résistantes et résistants publiée par le Service historique de la Défense référencé, Vincennes GR 16 P 30414.
Gilbert Banlier était Secrétaire Général de l’ANACR de Charente, membre du conseil national de cette organisation et adhérent de l’AVER en 1978. Il décède à Paris le 29 mai 1996.
Sources
AVER (MRN de Champigny-sur-Marne, archives de l'AVER, carton n° 106, lettre du 7 octobre 1961) - RGASPI (Moscou, F.545. Op. 2. D. 303, Op.6, D.35 et D.1063) - http:maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php article 15582, notice BANLIER Gilbert - Arch. Départementales de Charente. Acte de naissance n° 3 du 21 décembre 1911.