TAVLITZKI Maurice

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Maurice Tavlitzki est né le 12 juin 1910. Après ses études secondaires et l’obtention de son Baccalauréat, il devient, comme son père, employé de banque, entre 1927 et 1936. De 1928 à 1929, il travaille à Londres. Il est par la suite employé notamment chez Lloyd’s pendant 7 ans.

En 1931-1932, il fait un an de service militaire, d’abord au cours préparatoire d’artillerie puis à l’école d’artillerie à Poitiers, puis au 30e régiment d’artillerie à Orléans. Officier de réserve en 1932, il est ensuite lieutenant de réserve. De retour du service militaire, il écoute la propagande des camarades de son entreprise, commence à s’intéresser au mouvement ouvrier en 1932, devient adhérent aux Amis de l'Union Soviétique avant d’entrer au PC en janvier 1934, cellule 205 de la région Paris-Ville, 2e section. Il est secrétaire de cellule et secrétaire du rayon du 2e arrondissement région Paris-Ville pendant un an. En décembre 1935, il suit pendant un mois les cours de l’école régionale de Paris-ville. Il lit tous les articles qui lui tombent sous la main, ainsi que Le Capital, Le manifeste du Parti communiste… En 1936, il participe au 8e congrès national du Parti à Villeurbanne comme représentant de la région Paris-Ville. Il est de toutes les manifestations parisiennes entre 1934 et 1937, à commencer par celles de février 1934 et les grèves de juin 1936. Par ailleurs, il est syndiqué à la CGT et membre du Conseil syndical des employés de banque et de bourse. Il est également secrétaire de la sous-section syndicale CGT de la banque Lloyd’s. Maurice Tavlitzki est aussi adhérent à la FSI. Depuis juillet 1933, il était membre du SRI et des Amis de l'Union Soviétique où il a été secrétaire de la 4ème section pendant 2 ans. En avril 1937, il rejoint le secours rouge en Espagne.

Célibataire, il était domicilié 49 quai de Javel dans le 15e arrondissement de Paris. Il parlait français, anglais, un peu allemand et espagnol.

L’Espagne

Le 20 février 1937, Maurice Tavlitzky est délégué en Espagne par le comité central du PCF et il est enrôlé le 24 février et, d’abord soldat, il est nommé officier lieutenant le 10 mars 1937, au sein du second groupe d’artillerie lourde, comme chef d’état-major de groupe et commandant de la 14e batterie (7e corps d’armée). Il passe d’abord par la concentration du collège à Albacete. Du début du mois de mars à fin juin, il est à Almansa, du 1er au 20 juillet, à la 2e batterie, sur Le front du Jarama, puis de nouveau à Almansa du 21 juillet au 30 août, où il revient entre le 1er et le 20 octobre après avoir passé tout le mois de septembre en permission en France. Entre le 20 octobre et le 19 décembre, il est sur le front d’Extremadura, secteur de Villanueva de la Serena puis, entre le 20 décembre 1937 et le 21 octobre 1938, à Extremadura, secteur de Tolède. Le 2 mars 1938, Antonio Lopez, secrétaire du comité du PC de la base des BI, écrit avoir reçu un camarade du groupe d’artillerie de Tolède (7e corps d’armée) qui a été délégué par ses camarades pour rejoindre le PC. Il informe que ce groupe est composé de 3 batteries : une anglo-américaine comprenant 40 communistes, une française de 10-15 communistes et une espagnole de 5 communistes. Le groupe compte au total 250 hommes. Le commissaire, le camarade Hacker est membre du CC des jeunesses communistes de France et Maurice Tavlitzky, qui est chef de cet état-major, est membre du PC. À cette date, le groupe se trouve dans la ville d’Ajofrin . Antonio Lopez demande qu’ils soient mis avec le comité provincial de Tolède. Dans l’artillerie lourde pendant tout son séjour en Espagne, et sur des fronts inactifs, il indique n’avoir participé à aucun combat en première ligne ni à aucune opération.

Le chef de groupe Jean ETIENNE, indique qu’instructeur de la batterie américaine du groupe 14, c’était un bon artilleur mais qu’il n’avait pas trop l’esprit militaire, donnant néanmoins satisfaction et faisant des progrès constant dans ce domaine. Il souligne que c’était davantage un politique qu’un militaire et qu’il a effectué un bon travail politique dans sa batterie. Consciencieux dans son travail, il était attaché au moral de ses troupes. Il a été chef d’état-major. King, ex-secrétaire du 2e groupe d’artillerie lourde est plus élogieux, l’estimant très bon techniquement, qualifié, ayant démontré ses capacités, très populaire auprès de ses hommes et très consciencieux, et ayant participé activement à la vie politique de la batterie. Outre son expérience politique, il a étudié et bien compris la situation espagnole, précisant qu’il a appris à parler la langue. Il avait de bonnes et étroites relations avec les Espagnols de son unité et des autres groupes. Sa conclusion est sans appel : complètement loyal et discipliné, sa conduite morale et politique a été exemplaire.

Interrogé sur les 13 points du gouvernement d’union nationale du chef du gouvernement Negrin, Maurice Tavlitzky note qu’ils sont

« une arme excellente pour prouver à l’opinion publique mondiale que l’Espagne est gouvernée par des républicains et démocrates sincères et honnêtes et qu’il ne s’agit pas d’une révolution communiste ou anarchiste, mais d’une guerre d’indépendance nationale contre les pays fascistes s’appuyant sur les traitres à l’intérieur du pays. C’est aussi une arme très forte pour démasquer l’intervention étrangère aux yeux des Espagnols de la zone fasciste, et faire l’union de tous les Espagnols sur la base du mot d’ordre ‘l’Espagne aux Espagnols’. À l’intérieur même de l’Espagne républicaine, ils ont servi à éclaircir l’opinion publique et à montrer nettement qu’il n’était pas question de faire des essais pour mettre en pratique certains systèmes utopiques. C’est un programme qui ne pourra vraiment être appliqué qu’après la victoire, mais qui peut tout de suite grouper toutes les forces autour de lui. »

Il juge la politique de Front populaire comme une

« politique juste de groupement et d’union des forces pour la victoire. ‘L’union nationale autour du front populaire’ est la seule politique qui puisse nous permettre de ‘gagner la guerre’ », parce que « L’union entre républicains, démocrates, socialistes, communistes et anarchistes est une condition indispensable pour battre le fascisme, de même que l’union entre les grandes organisations syndicales, entre elles et avec toutes les organisations politiques. »

Il juge « bonne dans son ensemble » l’organisation des BI, « expression de la solidarité internationale à l’égard du peuple espagnol ». Il ajoute :

« Par mon expérience dans l’artillerie, je pense que le contrôle des organismes supérieurs ne s’est pas encore exercé avec assez de vigilance sur certains chefs militaires malhonnêtes ou douteux politiquement, ou sur un certain nombre de commissaires politiques, trop faibles politiquement ou pas assez capables. Les suggestions de la base – et des militants – n’ont pas assez été prises en considération. » Toutefois, « les BI ont joué en Espagne un rôle glorieux et quelquefois essentiel, malheureusement l’artillerie n’a pas pu remplir le même rôle (matériel, fronts inactifs). »

Quand il quitte les BI, il émet le souhait de rentrer en France à Paris, où résident son père et ses frères et sœurs, espérant qu’ « ayant travaillé à « Ce Soir » avant [son] départ », même si ce fut seulement pendant 15 jours, il y soit repris, n’espérant pas retrouver un poste d’employé de banque.

De cette expérience, il retire une

« bonne connaissance des problèmes politiques de l’Espagne » et il « pense avoir gagné en expérience et avoir appris beaucoup, d’abord par [sa] lutte elle-même, ensuite par conversations et discussions continuelles avec les camarades espagnols et d’autres nationalités dans [son] unité, sur les problèmes de l’Espagne, la situation politique dans différents pays, et la politique internationale. »

La Résistance

Sous l’Occupation, Maurice Tavlitzki participa à la Résistance.

Il fut officier français de liaison et interprète dans le régiment du Brigadier Général anglo-irlandais George Roupell à l’été 1940. Celui-ci expliqua qu’au cours de leur périple d’évasion, le Lieutenant Tavlitzki le quitta pour retourner à Paris en lui promettant de revenir et ainsi l’aider à être exfiltré de France. Il tint parole et le fit prendre en charge par des membres du réseau de Joseph Dubar de Roubaix, réseau belge du Nord de la France (Ali-France). Le Général fut caché pendant deux ans dans une ferme près de Rouen avec un Capitaine de son régiment, ils réussirent à gagner Toulouse avec de faux papiers fabriqués à Roubaix (un point d’attache du réseau Zéro-France) et furent ensuite pris en charge par Ponzan Vidal et ses guides depuis l’hôtel de Paris pour passer les Pyrénées et rejoindre Gibraltar.

Après la mort de Maurice Tavlitzki, le 14 août 1971 à Paris (13e), sa veuve, domiciliée à Paris (XVe arr.), continua à cotiser à l’AVER.

Sources

RGASPI (Moscou F.545 Op.6. D.35 et D.1415) - https://maitron.fr/spip.php?article132107, notice TAVLITZKI Maurice (provisoire).