ABOULKER Lucien

De Encyclopédie : Brigades Internationales,volontaires français et immigrés en Espagne (1936-1939)
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Lucien Aboulker est né le 6 mai 1904. Son père et sa mère sont décédés au moment où il partait en Espagne. Il avait un frère Georges, vérificateur aux douanes, avec lequel il entretenait de bonnes relations, et une sœur.

Il a suivi les cours de l’école primaire communale et supérieure et a obtenu le brevet élémentaire.

Il s’est engagé dans l’armée en 1924 pour 4 ans, dont 1 an comme zouave et 3 ans comme infirmier major, mais il n’a pas fait de guerre et est sorti de l’armée sans grade.

Il était télégraphiste (intérimaire) et travaillait au central PTT d’Alger où il gagnait 1 080 francs par mois. Membre de la CGTU et de la CGT de 1920 à 1936, il était trésorier adjoint et responsable des intérimaires.

Il connaissait Ouzzegane, Muchielli, Peter, membres du Comité central du PC d’Alger et toute la FSGT d’Alger. Il a écrit des articles (politique, campagne électorale) dans le Républicain d’Alger. Les questions de vie sociale dans plusieurs grands pays l’intéressaient. Il maniait le français, l’arabe et l’espagnol.

Célibataire, il habitait 28 rue Marengo à Alger.

L’Espagne

Lucien Aboulker entre en Espagne, avec "l’aide du Parti", le 4 janvier 1937, pour « lutter contre le fascisme ».

Il est affecté de janvier à juin 1937 au Bataillon Six-Février de la 15e BI puis à partir de juillet à la Compagnie sanitaire du Bataillon André Marty de la 14e BI.

Il a exercé les fonctions de brancardier, infirmier, puis de « sergent infirmier pratiquant » sans avoir eu la notification officielle de son grade de sergent. Il a passé 18 mois au front et a participé en première ligne à tous les combats de son bataillon :Le front du Jarama , Brunete, Saragosse, Fuentes de Ebro, Huesca (Offensive républicaine sur Saragosse), Caspe (Offensive franquiste d'Aragon ), Ebro et Corbera . Aucune permission, aucune maladie, aucune blessure.

Le 31 mars 1937 Lucien Aboulker s'est rendu au consulat de France à Madrid (ou à Valence ?), où il est resté 44 jours. Considéré comme déserteur de son unité, comme « démotivé » et « démoralisateur », il a été réaffecté au Bataillon Six-Février.

Il dit avoir été félicité par ses chefs (le commandant et le commissaire politique du bataillon) en décembre 1937 pour sa conduite.

Dans le formulaire de rapatriement, en novembre 1938, il indique connaître et avoir étudié les 13 points du gouvernement d’union populaire du président Negrin. Il déclare qu'ils sont

«  la base réfléchie qui doit rallier tous les espagnols de cœur, ils montrent aussi les intentions vraiment démocratiques du gouvernement espagnol au point de vue internationnalles ».

La politique du front populaire n’a pas été

 "assez ferme au début » mail elle est « très bonne actuellement »parce que c’est une politique « équitable » et que c’est « celle du peuple ».

Interrogé sur les Brigades Internationales, il répond:

« Les brigades ont été l’admiration du monde tant par sa composition que par sa conduite, organisation politique presque bonne, elles ont joué un rôle important en Espagne, avec leur conduite exemplaire, leur discipline, leur organisation, elles ont été la source d’une aide internationnalles et aussi de son intention car elles représentaient vraiment les idéologistes de tous les pays sacrifiant spontanément ce qu’ils avaient de plus dur pour un noble idéal et une juste cause. »

Il dit avoir « beaucoup appris aux points de vue politique et militaire » et avoir compris la « nécessité d’une discipline ferme dans les organisations politiques et militaires ».

Il a été puni en octobre 1938 à 8 jours de prison pour une altercation avec le médecin, mais il n’en a fait que deux. Il reconnaît que la sanction a été « peut-être » juste. Il explique : « j’ai eu tort de lui avoir dis ce que je pensais devant beaucoup de camarade au moment ou il fallait de la discipline, mais je ne regrette pas ce que je lui ai dis parce que c’est la vérité ».

Il demande à être rapatrié en Algérie.

Lucien BIGOURET, de la Commission des Cadres, dans un rapport écrit au moment du retrait des Volontaires, indique que le sergent infirmier Aboulker a eu un comportement « assez bon » au front, mais il indique qu’il a tenu « à maintes reprises des propos anarchistes », qu’il est « un rouspéteur ambitieux pour les galons » puisqu’il s’est fait photographier à Barcelone en tenue de lieutenant. Le rapport reconnaît qu’Aboulker est « sérieux, courageux », que sa conduite personnelle a été « pas trop mauvaise » et que ses camarades ont une « assez bonne « opinion de lui ». On perd sa trace après novembre 1938, date de son rapatriement à Alger.

Sources

RGASPI (Moscou, F.545. Op.6. D. 57 et D.1047)